La défaite de Ségolène Royal est indiscutable. Elle lui incombe donc forcément. L'imprécision de sa ligne stratégique globale et le flou de certaines de ses propositions y ont contribué. Mais à ceux qui voudraient instruire son procès en incompétence nous rappellerons ce fait élémentaire : avec tout le PS derrière lui et une expérience de plus de trente ans, Lionel Jospin n'avait même pas réussi à franchir le premier tour en 2002. Et en 1995, il n'avait guère fait mieux qu'elle aujourd'hui. Il faut donc chercher l'erreur ailleurs. Et cet ailleurs il se trouve dans un PS qui n'a su ni se moderniser avec Lionel Jospin ni après lui et, pis encore, s'engagea dans une spirale régressive après le référendum de 2005. La gauche française, qu'il faudra désormais appeler la «vieille gauche», celle qui, du PS à la LCR en passant par les Verts, vient pour la troisième fois consécutive d'échouer faute d'avoir accepté de se moderniser. Cette gauche qui, de manière pavlovienne, va chercher avant tout à diaboliser le nouveau maître de l'Elysée, dénoncer sa politique antisociale, reprocher à Ségolène Royal de n'avoir pas été «assez à gauche» alors que même l'extrême gauche est en miettes, le tout pour éviter de se remettre en cause.
Mais cette fois ne sera pas comme avant. Car si cette campagne a révélé quelque chose, c'est bien l'impossibilité de penser les enjeux du politique sur le mode idéologique et l'incapacité totale de la vieille gauche à apporter à Ségolène Royal des idées neuves sus