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Le complexe de Janus

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Le discours schizophrénique du Parti socialiste lui fait perdre du sens et... l'élection.
publié le 9 mai 2007 à 7h40

Le Parti socialiste souffre du complexe de Janus, le dieu romain aux deux visages, un mal contracté il y a un quart de siècle au contact de François Mitterrand, qui fut, dans sa vie privée comme dans sa vie publique et politique, l'homme à double face : vichyste et résistant, décoré de la francisque et dévot du tombeau de Jaurès, mari de Danièle et père de Mazarine, militant de la rupture avec le capitalisme et président entiché de Bernard Tapie, amateur des romans de Chardonne le collaborationniste et promoteur des colonnes de Buren, leader laïc socialiste et sauveur de l'école confessionnelle, etc.

Depuis la conversion du militant de gauche en président de la République rattrapé par la rudesse de l'économie de marché en 1983, le Parti socialiste effectue le grand écart entre un «verbe de gauche»qui l'oppose à la droite et une «geste libérale»très proche de celle des adversaires déclarés... Pour les besoins de la cause, on entretient l'illusion d'une bipartition factice entre droite et gauche quand la réelle ligne de partage se trace entre libéraux et antilibéraux, un trait qui coupe en deux la droite et la gauche.

Ainsi, le changement qu'on nous propose depuis la fin politique de Mitterrand, douze ans donc, entre Chirac et Jospin deux fois, Sarkozy et Royal une fois, met en présence deux modalités assez semblables de la gestion libérale du capitalisme européen. Sur l'essentiel, pas de grosses différences, la séparation s'effectue sur le style, le symbolique et la pensée magi