Les mésaventures des philosophes en politique sont souvent cocasses ou désolantes. On se souvient des embardées du grand Sartre ou des errements d'un Heidegger. Penseur de moindre calibre, Michel Onfray, animateur fort respectable d'une belle université populaire à Caen, n'échappe pas à la règle. Le texte qu'il a publié hier dans Libération sur la situation de la gauche française conjugue erreurs factuelles, simplisme alarmant et sectarisme à visage souriant.
Le PS est schizophrène, dit-il. Fort juste. Depuis toujours le guesdisme, puis le molletisme qui parlent marxiste en agissant au centre gauche ou même à droite minent le crédit de ce vieux parti. Encore faut-il s'entendre sur les concepts. Pour Onfray, le critère est le «libéralisme». «Pour les besoins de la cause, écrit-il, on entretient l'illusion d'une bipartition factice entre droite et gauche quand la réelle ligne de partage se trace entre libéraux et antilibéraux, un trait qui coupe en deux la droite et la gauche.» Peut-être. Il y a des libéraux partout. Admettons. Mais qui sont-ils ? Un groupe maléfique où l'on trouve DSK, partisan d'une «franche social-démocratie : parole libérale, geste libérale donc politique de droite». Ou encore Rocard, «vieux briscard de la gauche de droite», Ségolène Royal, coupable d'un «coup de couteau» dans le dos de la vraie gauche, Hollande, qui «légitime la geste libérale de droite donc», Jospin, «grand privatiseur devant Blum»