Dans l'histoire de France, on le sait, la Restauration ne fut pas le rétablissement de l'Ancien Régime, mais sa liquidation douce, l'acclimatation des idées révolutionnaires au XIXe siè cle, la perte de pouvoir progressive de la monarchie et de l'Eglise au profit des républicains. Pareillement, le réquisitoire anti-68 de Nicolas Sarkozy ne doit pas masquer qu'il en est l'héritier plus que le pourfendeur. Son slogan de candidat «Ensemble tout devient possible»et la croyance dans les vertus de l'action collective sont aux antipodes du pessimisme historique de la droite (et fait écho à ce mot de Dostoïevski : «Si Dieu n'existe pas, tout est permis»).
Le style nerveux, dynamique de l'homme, s'il est classique dans le message, est moderne dans la forme. Rien à voir avec l'allure empesée, louis-philipparde, d'un Balladur ou d'un Giscard. Son volontarisme dément le déterminisme philosophique qu'il afficha lors de ses entretiens avec Michel Onfray à propos des prédispositions génétiques des pédophiles. Sa vie privée de père de famille recomposée, ses démêlés conjugaux et son rapport décomplexé à l'argent sont typiquement post-soixante-huitards. Une Cécilia Sarkozy eût été impensable sous de Gaulle et Pompidou, quand le féminisme était encore balbutiant. Enfin, sans Mai 68 et son esprit de générosité, jamais les Français n'auraient élu un fils d'immigré, juif et hongrois : souvenons-nous des avanies, des insultes que dut subir dans les années 50, pour cause de judéité, u