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Libération
TRIBUNE

Pathétiques!

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par Daniel Bensaïd et Samuel Johsua
publié le 28 mai 2007 à 7h58

C'est le grand mercato des transferts de printemps, la braderie des girouettes, le festival des retournements. Cette débâcle intellectuelle et morale n'est certainement pas finie. Pathétique, François Hollande pleurnichant sur le débauchage de ses infidèles. Pathétique, le Parti communiste négociant au rabais sa survie parlementaire. Pathétique, José Bové, acceptant une mission royale sans même attendre le second tour de la présidentielle.

Plutôt que de se lamenter sur la concurrence déloyale de la droite, les dirigeants socialistes feraient mieux de se demander comment une telle confusion des valeurs et des sentiments est devenue possible.

Débauché, Kouchner ? Fidèle à lui-même, il défend simplement aujourd'hui dans un gouvernement de droite le néocolonialisme humanitaire qu'il prêchait hier dans un parti de gauche. A force de jouer à qui privatise le plus, de rivaliser dans le lyrisme cocardier, d'opposer l'ordre juste à juste l'ordre, de communier dans le oui à l'Europe libérale et à «la concurrence non faussée», la frontière est devenue plus que poreuse entre une droite démagogique et une gauche du centre.

Le prix à payer pour ce Bad Godesberg rampant sera d'autant plus lourd que Sarkozy a été sous-estimé. Son programme consiste à parachever la démolition méthodique du droit du travail, des services publics ; à mettre le mouvement syndical au pas, et la France au diapason de la contre-réforme accomplie par Thatcher et Blair en Angleterre, engagée en Allemagne par l'agenda 2