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Libération

Décomplexion, modes d'emploi

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publié le 29 mai 2007 à 8h00

Guy Môquet, une hypothèse

Pourquoi Guy Môquet ? Pourquoi, après les figures de la social-démocratie que furent Jean Jaurès et Léon Blum, fallait-il que le bondissant président aspirât celle du mythique «jeune résistant communiste» ? La question taraude. Telle qu'énoncée au jour de l'investiture de Sarkozy, lors de la cérémonie du bois de Boulogne, elle s'enduisait d'une nouvelle couche d'opacité. Rappelons donc aux jeunes générations que Guy Môquet ne fut pas exécuté le 16 août 1944 ­ tandis que Paris brûlait ­ avec une quarantaine de jeunes gens devant la cascade du bois où une stèle célèbre leur mémoire, mais le 22 octobre 1941 à Châteaubriant, où il était incarcéré depuis un an environ. En s'engageant à 16 ans contre la défaite et la collaboration, Môquet résistait. Mais, depuis août 1939 et la signature du pacte de non-agression entre l'URSS stalinienne et l'Allemagne nazie, l'appareil de son parti ne résistait guère. Quand Guy Môquet est arrêté à Paris le 13 octobre 1940, il n'est pas «dans la ligne». Quand, un an plus tard, il est fusillé, il est un héros communiste. C'est qu'entre-temps, lançant contre l'URSS l'offensive de juin 1941, Hitler avait jeté le PCF dans la Résistance.

A cet endroit, il faut constater que Guy Môquet fait pour le pays un bel exemple, et pour le parti un martyr exemplaire. Après Guy Môquet, oubliés Pétain, Vichy et la collaboration, et oublié le pacte germano-soviétique... Ainsi s'érigea, sur son cadavre infiniment consensuel, la légende radieus