Accroupie dans un camp très sale du Darfour, Hawa Hamed, une jeune femme de 25 ans, raconte une histoire tragique mais hélas banale. Il y a trois mois, son village a été attaqué par une milice arabe, sa case brûlée et plusieurs de ses parents tués. «Ils sont arrivés comme une tornade», dit-elle, mais elle et son mari ont réussi à s'échapper avec leur petite fille, en marchant à travers le désert pendant des jours comme des milliers d'autres.
L'histoire d'Hawa Hamed présente une originalité par rapport à la plupart des 2 millions d'êtres humains qui vivent dans les camps darfouriens. Elle est du Tchad et non du Soudan. Quand elle a fui ses persécuteurs en traversant une rivière à sec dans le désert, elle est devenue une réfugiée au lieu de n'être qu'une personne déplacée car elle avait franchi une frontière internationale.
Les nomades sont habitués à passer du Soudan au Tchad et inversement quand ils cherchent de l'eau et de quoi faire paître leurs bêtes. Mais dans le contexte du conflit du Darfour, qui dure maintenant depuis quatre ans, la fuite d'Hawa Hamed passant cette ligne invisible dans les sables sans traces de l'Afrique centrale marque une nouvelle et gravement dérangeante évolution de la situation.
La crise du Darfour n'est plus confinée au Soudan. Elle a éclaboussé le Tchad voisin et même la partie sauvage du nord-est de la République centrafricaine. Aujourd'hui, les attaques des jenjawids n'ont plus lieu uniquement sur les terres incultes du Darfour mais depui