Cette révolte étudiante, née d'une France qui s'ennuyait dans le gras d'un gaullisme assoupi, vient de trouver une seconde jeunesse lors de la campagne présidentielle de 2007. Nicolas Sarkozy, peu avant que 53 % des Français ne le portent à la tête de l'Etat, le 6 mai 2007, déclara qu'il fallait «liquider l'héritage de Mai 68». Par-delà la brutalité de la formule et la violence des termes qui liquide ? les mêmes qui karcherisent ? , le futur président de la République désignait clairement l'origine du mal français : le désordre sociétal né de slogans rêveurs prônant l'interdiction d'interdire, l'imagination au pouvoir et la jouissance sans entraves, slogans dont l'irradiation encore vivace avait entraîné le pays dans un avachissement et un laxisme pseudo-humaniste, emblème d'une gauche obsolète.
Le remède était donc clair, retour à l'ordre, à l'autorité, à l'école de Jules Ferry. La France ne se relèverait pas tant que sa jeunesse elle-même ne se lèverait, comme un seul homme, dès l'entrée du professeur dans la classe. Respect au maître, salut au chef, honneur aux valeurs morales ! Vieille ritournelle réactionnaire dont la musique entraînante et les paroles patriotiques ne font pas longtemps marcher au pas un peuple qui a toujours préféré la danse au défilé.
Soit M. Sarkozy et son gouvernement de «zéro-septards» fustigeant les «soixante-huitards» n'ont pas lu les bons livres, soit ils ont la mémoire courte. Ne leur en déplaise, l'héritage qu'ils veulent éradiquer est