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Libération
TRIBUNE

Le pari urbain

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par Guy Burgel et Paul Chemetov
publié le 1er juin 2007 à 8h05

Le premier gouvernement de Nicolas Sarkozy commence sous le feu des projecteurs. Qui le reprocherait ? Ils sont jeunes, ils sont vitaminés, ils sont riches. Cela plaît aux Français qui aimeraient s'identifier à eux. Et prévaut surtout le sentiment diffus que la réforme nécessite un déplacement des clivages classiques pour parvenir à une adhésion large de la Nation. Beaucoup auraient souhaité que la prise de conscience s'en fît plus tôt, du côté du parti socialiste ou de François Bayrou. Le choix des uns et le vote des autres en ont décidé autrement. Les citoyens, les électeurs de la majorité comme de l'opposition jugeront sur pièces.

Il est pourtant un domaine où la rupture est déjà mal partie : la politique de la ville. Ici, c'est la Ve République dans son ensemble qui n'a pas compris qu'en un demi-siècle, la France avait accompli la plus grande révolution urbaine de son histoire : plus du doublement de la population des villes (de 20 millions à près de 45 millions de citadins), l'étalement des agglomérations, la féminisation de l'emploi, le redressement industriel national et la mondialisation de l'économie de services, l'épaississement, puis la fracture, des couches moyennes, la démocratisation de l'instruction et du diplôme, avant leur mise en doute actuelle. Tout cela s'est passé dans la ville et par la ville. Face à ces bouleversements, les politiques n'ont su depuis des décennies qu'opposer l'urbanisme de quantité et la sectorisation des approches : construire des loge