Menu
Libération

Le simple pouvoir de dire

Article réservé aux abonnés
publié le 29 juin 2007 à 8h34

Donc, on se bat. Dans le paysage médiatique décomplexé de l'après-6 mai, dans ce pays où un homme d'affaires, Bernard Arnault, témoin de mariage de Nicolas Sarkozy, peut mettre la main, sans susciter d'émoi notable, sur le principal quotidien économique du pays, dans ce pays où la radio nationale épouse naturellement les mouvements pendulaires des résultats électoraux, remplaçant une émission plutôt de gauche par un omniprésent des ondes plutôt de droite, on alerte, on pétitionne. A l'orée de la dispersion estivale, certes, tous ces efforts se déploient dans l'ombre. De ces tentatives de préserver en France quelques lambeaux d'une information échappant aux oligarques, le 20 heures de Bouygues ne parlera pas. Les magazines de Lagardère n'en parleront pas. Les gratuits de Bolloré n'en diront pas un mot. Mais le fait est là : à l'occasion du projet de rachat par Arnault des Echos, les sociétés des journalistes de vingt-sept médias viennent de demander, par lettre, à Nicolas Sarkozy de «garantir l'indépendance des rédactions».

Parmi leurs propositions, celle d'obliger chaque média à se doter d'une société des rédacteurs. Une société des journalistes, à quoi ça sert ? Dans le meilleur des cas, comme au Monde, elle est actionnaire du journal, et (on vient de le voir avec l'éviction de Jean-Marie Colombani) en mesure de peser sur ses choix. Dans la formule minimum, comme au J ournal du Dimanche par exemple, où elle a récemment protesté contre la censure d'un article su