Par ces temps affligeants pour quelques dizaines de millions d'entre nous, voici enfin une bonne nouvelle : la République des femmes est arrivée. Pas tout à fait ? Peu importe ; en ce début de XXIe siècle, les femmes s'imposent dans l'univers impitoyable et si pitoyablement machiste de la classe politique française. Désormais «rien ne sera plus comme avant». La domination masculine a «une si longue histoire» : Jacqueline Remy en rappelle la construction politique, nourrie de préjugés essentialistes et naturalistes.
Une histoire brusquement accélérée depuis la mutation féministe des années 60, dont elle analyse les apports aussi contradictoires que déterminants. Mais la page est tournée. En politique, les femmes sont là, incroyablement visibles : on en voit partout, et même à droite. Elles prennent le pouvoir, elles ne le rendront pas, même si elles doivent encore l'inventer. Sept femmes ministres et pas de n'importe quel «tricot», ce n'est pas rien. Jacqueline Remy en dresse un portrait empreint de bienveillante malice. Féminité oblige, elles doivent faire preuve d'un parcours «exemplaire», surtout lorsqu'elles affichent les visages et les noms de minorités dites plus visibles encore. A lire entre les lignes les portraits de Bachelot et de Boutin, le fou rire nous prend à imaginer leur cohabitation forcée.
A l'idéologie paritaire, Remy préfère la mixité et l'égalité : l'humanité est plurielle et non duelle, l'arithmétique sexuée ne doit rien