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Libération
TRIBUNE

Le viol de l'intimité

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publié le 30 juillet 2007 à 8h57

Qu'est-ce qui peut bien porter atteinte à la vie privée ? Les stars se plaignent des paparazzi qui les harcèlent, elles ont pourtant besoin d'afficher leur vie privée dans les médias ; les leaders politiques aiment faire des révélations sur leur vie intime pour répondre à l'impératif de la transparence ; et bien des gens qui participent à des émissions du genre reality show expriment publiquement ce qui, par pudeur, pourrait ou devrait rester caché.

Où commence alors ce qu'on appelle une violation de la vie privée ? Lorsqu'un écrivain fait le récit d'un petit village, il court le risque, bien qu'il préserve une part de fiction, d'être traîné devant les tribunaux pour avoir dévoilé ce que tous les habitants savent mais qu'il ne faut pas écrire. Il en est de même pour un sociologue ou pour un ethnologue qui s'installent dans une région afin d'étudier les moeurs et les coutumes, les rapports sociaux, avec une volonté d'objectivité qui, tôt ou tard, se retournera contre lui. Même si l'exhibition de soi relève, dans une «société du spectacle», d'un usage culturel plutôt commun, elle n'empêche pas les gens qui le pratiquent de faire appel à la justice pour se protéger de ce qu'ils considèrent être un abus.

Comme les limites définissant la vie privée demeurent floues, l'hystérie procédurale dans laquelle nous vivons a toutes les chances de s'amplifier. Bien plus que l'écriture, littéraire ou scientifique, l'image prise dans l'espace public avec les téléphones portables devient