Après avoir voyagé aux quatre coins du monde, Sarkozy a récemment décidé de s'occuper de l'Afrique. Séjours éclairs en Libye, au Sénégal et au Gabon. Auparavant, il avait pris soin de rayer la Côte-d'Ivoire, ancien fleuron de la francophonie, devenu aujourd'hui, pays à problèmes, épine dans la chair du colosse français
Il était question pour le Président de donner sa vision profonde des rapports entre la France et l'Afrique, de renouveler les liens d'amitié et de fraternité. Mais Sarkozy est un homme d'action. Les choses doivent bouger et vite. Selon Jean-David Levitte, chef de la cellule diplomatique : «Il connaît tout, retient tout et vous rend le dossier avant même que l'événement traité ne soit passé ! (1)» Justement. Sarkozy est trop pressé. Son discours aux étudiants sénégalais à Dakar, le 26 juillet dernier, restera dans les annales des affaires étrangères de la France comme l'un des discours les plus mal pensés et les plus mal tournés de notre époque. Un caillou jeté dans la mare, un ballon de carnaval éclatant à la face de celui qui le tenait, un large sourire aux lèvres. Les jeunes Sénégalais ont eu droit à un survol historique sur les avantages et les inconvénients de la colonisation.
Exhibant une compréhension très approximative des écrits de Léopold Sédar Senghor, de Cheikh Anta Diop et de la théorie de la «renaissance africaine», Sarkozy n'a pas pris la mesure de son auditoire. Sûr de sa suprématie, il n'a tenu aucun compte du nouveau vent qui souffle en A