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Libération
TRIBUNE

La plus grande des guerres oubliées

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Le conflit entre la Chine et le Japon, qui éclata il y a soixante-dix ans, fut le laboratoire de la Seconde Guerre mondiale.
par Jean-Louis MARGOLIN
publié le 16 août 2007 à 9h13

Cet été, la Chine et le Japon commémorent le 70e anniversaire du début d¹un affrontement gigantesque, commencé le 7 juillet 1937. Il allait durer plus de huit ans, et ne se terminer qu¹après ?Hiroshima, par la capitulation nippone. Gageons qu¹on l¹évoquera bien peu de ce côté-ci du monde. Et pourtant l¹événement nous concerne plus que nous le pensons généralement : c¹est en 1937, dans la banlieue de Pékin, que furent tirés les premiers coups de feu de la Seconde Guerre mondiale, puisque le conflit sino-japonais se confondit peu à peu avec la conflagration universelle. Cela apparut très clairement en 1945 : les bombes atomiques américaines mirent également fin à l¹agression nippone contre la Chine, cependant que cette dernière était invitée à occuper l¹un des cinq sièges de membre permanent du Conseil de sécurité de la toute récente ONU. Les fronts lointains de la guerre de l¹Asie-Pacifique (elle inclut la guerre du Pacifique, mais ne s¹y réduit aucunement) causèrent quelque 40 % des pertes humaines du conflit mondial ‹ soit environ 27 millions de morts. De ceux-ci, les Occidentaux (Australiens, Britanniques, Néerlandais et surtout Américains) ne représentèrent que 1 %, et les Japonais 12 %. C¹est dire à quel point l¹usuelle ?réduction de l¹affrontement à deux icônes (Pearl Harbor, Hiroshima) est trompeuse : l¹immense majorité des victimes furent indonésiennes, philippines, et surtout chinoises. Les quatre cinquièmes des morts furent des civils ‹ massacrés, bombardés, épuisés