Plus de six cents civils, femmes, enfants, vieillards confondus, ont été massacrés par des attentats aux camions piégés en raison de leur appartenance à la religion yézidie. Ces attentats sont les plus meurtriers de l'histoire récente, après ceux du 11 septembre.
Le yézidisme est un avatar syncrétique des religions préislamiques et préchrétiennes, du mithraisme et du zoroastrisme saupoudré de quelques éléments empruntés à l'hindouisme et à l'islam pour s'accommoder à un environnement largement hostile. Considérés comme hérétiques par l'islam orthodoxe, les yézidis ont été persécutés tout au long de l'histoire, en particulier par l'empire ottoman. Des dizaines de milliers d'entre eux ont dû, au XIXe siècle, chercher refuge dans le Caucase où leurs descendants forment encore des communautés significatives en Arménie, en Géorgie et en Russie. D'autres ont survécu dans les montagnes du Kurdistan, qui constituent une sorte d'arche de Noé ethnographique, aux côtés des chrétiens assyro-chaldéens, des juifs, des sabéens, des shabaks, des yarsanites et autres minorités religieuses menacées. Pour avoir toléré ce pluralisme confessionnel, les Kurdes musulmans sont souvent eux-mêmes stigmatisés par leurs voisins comme des croyants douteux, à telle enseigne qu'un proverbe turc dit : «Par rapport au mécréant, le Kurde, aussi, est un musulman.» Toujours est-il que, les yézidis sont une communauté des plus pacifiques, au point où ils se refusent même à prendre parti dans la querelle o