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Libération
TRIBUNE

Evitements et faux-semblants

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Un bilan de la politique de Nicolas Sarkozy, cent jours après son entrée à l'Elysée.
par Jean-Christophe Cambadelis
publié le 23 août 2007 à 9h18

Lorsqu'il parlait de la Ve République, le constitutionnaliste Maurice Duverger évoquait une monarchie. Ceci dans le sens premier du terme, c'est-à-dire «monarque procédant de l'Un». La gauche et un temps François Mitterrand ont caractérisé la Ve République de bonapartiste. Dans la tradition de Napoléon, de Napoléon III, voire du général de Gaulle, c'est une tendance à se situer au-dessus des réalités sociales pour mieux en défendre certaines. Chaque Bonaparte a, au départ, incarné une équation politique. Pour Napoléon, ce fut la bourgeoisie fatiguée par la Révolution, pour Napoléon III, la paysannerie parcellaire, et pour le général de Gaulle, l'alliance détonante entre une bourgeoisie moderniste, entravée par une représentation parlementaire instable, dépendant de l'empire colonial, et les pieds-noirs excédés par les pertes de l'empire. Les conditions de l'accession au pouvoir ne furent, bien sûr, jamais celles de sa pratique.

Avec Nicolas Sarkozy, nous sommes au coeur de cette continuité. Tout à la fois par inclination personnelle, l'homme a soif de revanche : il fut longtemps ignoré voire méprisé dans l'espace chiraquien alors qu'il pense être le seul à «savoir faire» au milieu d'un monde de nains politiques. Mais aussi pour d'autres raisons : Nicolas Sarkozy domine sans partage son camp entre soumission, affaire Clearstream et inféodation du centre. Et en face, la gauche est dans les cordes, entre recomposition et refondation, cantonnée à commenter le maître des lieux. L'