Cette société est aussi déchaînée sur l’ordre qu’elle est impuissante à le produire. Personne ne sauvera cette société (ni aucune autre dans l’espace et le temps) du désordre de la «pédophagie». La prison et l’hôpital, la castration du monstre ne sont que des réponses vaines, précipitées, sans objet réel. Vaines parce que le «monstre sexuel» peut être condamné puis hospitalisé, il y en aura toujours un autre : dans la famille (essentiellement dans la famille) ou au coin de la rue pour le remplacer. Précipitées parce que le violeur pulsionnel ne sera pas guéri mais progressivement supprimé par l’enfermement puis par l’ablation progressive de son être psychique voire physique. Ultime échec de l’utilité de la peine. Ultime retour à la peine corporelle, au châtiment expiatoire. Sans objet réel parce que le lieu de l’agression sexuelle de l’enfant demeure la marmite bouillante familiale. Entre l’éducateur pervers, le prêtre passionné d’enfance, le beau-père alcoolique et le voisin trop bienveillant l’enfant n’a qu’une place, désignée à l’avance. Dans notre société on enferme l’enfant décidément devenu insupportable et on enferme l’ogre qui risque de le dévorer. A quelques mois de distance le discours du pouvoir politique redevient le discours de la répression aux deux extrêmes comme si, par une sorte de fatalité (celle qui guette tout pouvoir qui veut éradiquer le désordre et non le «contenir» dans la société) ce pouvoir surenchérissait sur le thème de la répression, prison
TRIBUNE
La place de l'enfant
Article réservé aux abonnés
par Yves Lemoine
publié le 24 août 2007 à 9h19
Dans la même rubrique
TRIBUNE