Menu
Libération

Providentiel pédophile

Article réservé aux abonnés
publié le 24 août 2007 à 9h19

Ce pourrait être un acte d'héroïsme minuscule, invisible, inutile sans doute. Passer devant un kiosque à journaux empli, débordant de lui. Sa photo souriante ou songeuse, son système, ses amis, ses enfants, l'insondable mystère de son épouse, ses secrets, ses bassesses, sa vulgarité, ses élans, ses bonbons, ses bourrelets retouchés au Photoshop, ses états d'âme, sa recueilleuse d'états d'âme, les états d'âme de sa recueilleuse d'états d'âme. Se planter là, devant le kiosque à journaux. Tendre la main. Et décider, simplement, pour soi tout seul, au nom du peuple souverain dont on est une parcelle indivisible, d'exercer son droit de rétractation. Pouce ! Chercher dans l'océan de la tentation unique, le seul journal, le seul hebdo, la seule feuille garantis sans Sarkozy. Se diriger vers la caisse, le front haut. Et, ayant décidé qu'il ne passerait pas par soi, ne lire, toute l'année, contre vents et marées, que ce journal-là. Ce serait un combat insensé et sublime. Et totalement inutile. Car c'est ainsi.

Quand le sujet unique n'impose pas sa personne, il rédige de sa main l'agenda. Jamais on n'aura plus clairement vu le pouvoir montrer du doigt la direction, et indiquer aux médias la diversion souhaitable, que dans le feuilleton du pédophile de Roubaix. Providentiel pédophile. Magnifique pédophile. Il faudrait le faire pédophile d'honneur, Francis Evrard. A Francis Evrard, les médias de la fin d'été reconnaissants. Plusieurs jours durant, le «pédophile de Roubaix» devint