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Libération
TRIBUNE

Le désir d'impunité

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Le refus de témoigner de Cécilia Sarkozy risque d'ouvrir une crise constitutionnelle.
par Emmanuel GIANNESINI
publié le 5 septembre 2007 à 9h30

E n matière de perles philosophiques, le jeune porte-parole de l'Elysée se montre d'une constante générosité. Evoquant le couple présidentiel et son équipée libyenne, il aurait ainsi affirmé, le 22 août : «Il paraît inconstitutionnel qu'il puisse répondre à une commission d'enquête parlementaire. Ce serait une entorse au principe de la séparation des pouvoirs. Par extension, Mme Sarkozy, puisqu'elle était son envoyée personnelle, tombe sous la même règle.»

Le concept d'«extension» mériterait une longue dissertation qui ne manquerait pas d'être fascinante, soit qu'elle porte sur l'épouse du Président (devrait-elle figurer sur les bulletins de vote «par extension» ? arborer le grand cordon de la Légion d'honneur «par extension» ?), soit même sur ces «envoyés personnels» dont on chercherait en vain l'existence dans un texte réglementaire.

Mais c'est surtout l'invocation de la séparation des pouvoirs qui heurtera ici quiconque a, une fois dans sa vie, ouvert un manuel de droit constitutionnel ou un classique de notre philosophie politique. Tout d'abord, contrairement à une idée reçue, Montesquieu, par exemple, ne parle pas de la séparation des pouvoirs mais de la distribution du pouvoir.

En effet, l'oeuvre de la philosophie politique moderne, depuis Machiavel, consiste à rompre avec Aristote et sa logique mécaniste des institutions pour penser prioritairement l'origine et l'essence du pouvoir, c'est-à-dire la souveraineté. Or, selon les définitions qu'en découvrent successiv