Depuis qu'il est entré en politique, François Hollande a toujours été sous-estimé. Il l'a été par la presse, qui lui reconnaît un vrai talent d'orateur, de la vivacité, de l'habileté, de l'humour (la qualité la plus rare dans les lieux de pouvoir), mais lui refuse obstinément charisme, autorité, donc finalement envergure. Jusqu'ici, la quasi-totalité des commentateurs ne parvient pas à le considérer comme présidentiable. Son goût du compromis, sa prédilection pour les synthèses, ses ruses, parfois ses roueries, lui sont toujours imputés à charge. Avant chaque congrès du PS on lui prédit le pire, et lorsqu'il sort vainqueur de ces épreuves obscures on traite son succès en sursis. Avant chaque élection on annonce son échec. Lorsqu'il conduit lui-même des campagnes, il obtient néanmoins des scores régulièrement supérieurs aux prévisions. Personnellement, il s'est d'ailleurs fait élire dans une circonscription (en Corrèze) et dans une ville (Tulle) qui étaient tout le contraire de fiefs socialistes. Il fut, il est vrai, un franc partisan du oui au référendum européen. On l'a donc décrété démenti par les Français. Il est pourtant difficile de prétendre que le non ait été un non anti-Hollande. En fait, il est déprisé au moins autant en raison de ses qualités que de ses défauts. C'est d'ailleurs une tradition bien française. Dans ce pays où la politique est regardée comme l'art de la guerre, dans cette république qui aime tant les matamores, le talent, la souplesse, la dextérité in
Le destin de François Hollande
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par Alain Duhamel
publié le 5 septembre 2007 à 9h30
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