Jusqu'où la population birmane va-t-elle pouvoir défier le pouvoir militaire ? Coincé entre les deux géants indien et chinois, le pays est-il entrain de se réveiller, après plus de quarante années de dictature ? Il est désormais possible de se poser la question, après les manifestations ayant regroupé jusqu'à 100 000 personnes dans la capitale Rangoun et le début de répression violente qui se fait jour depuis hier.
De telles démonstrations, réunissant les moines bouddhistes aux robes rouge et safran et des civils, n'ont pas eu lieu depuis 1988, époque de répression sanglante. Les jeunes moines, par la voix de la Burma Monks Alliance, appellent la population à les rejoindre pour «faire tomber pacifiquement la dictature militaire».
Les militaires birmans ont toujours considéré que des annonces surprises à la population constituaient un avantage «tactique». En effet, les annonces de hausses massives du prix des carburants et du gaz - jusqu'à 500 % - ont surpris et mis en colère une population qui vit à 90 % sous le seuil de pauvreté. Ces hausses de prix surviennent alors que, depuis janvier, la campagne «à coeur ouvert» de Génération 88, l'opposition étudiante qui s'est organisée depuis la dernière grande répression militaire, a recueilli 500 000 lettres de doléances sur les conditions de vie des Birmans après avoir sillonné le pays.
Du fait de sa grande proximité avec la population et de sa présence ancienne dans le pays, l'organisation Médecins du monde constate a