L'immigration déclenche des peurs assez fortes pour justifier des pratiques douteuses pour s'en protéger, des arrestations aux portes des écoles françaises au mur qui s'élève à la frontière entre les Etats-Unis et le Mexique. Pourtant, tous les travaux des économistes le montrent, l'intensité de ces réactions de rejet apparaît complètement disproportionnée avec l'impact économique des migrants sur la population locale. L'économiste américain David Card montre ainsi que même des vagues d'immigration massive (comme l'arrivé de boat people cubains sur les côtes de Floride) ne se sont pas traduites par des baisses de salaires ou d'emplois pour la population locale. Plus récemment, Patricia Cortes montre qu'une augmentation du nombre d'immigrants crée une baisse des prix dans les secteurs où les immigrants sont concentrés (services, alimentation, garde d'enfants), ce qui bénéficie à la population locale. Les raisons économiques ne semblent donc pas une raison suffisante à la méfiance persistante envers les immigrants. Celle-ci semble prendre sa source pour partie dans le sentiment que chaque nouvelle vague d'immigration est unique et inassimilable. La présence de ces étrangers met donc en danger la fabrique même de nos sociétés. Ainsi, les immigrants italiens du XIXe siècle irritaient les prolétaires français par leur religiosité ostentatoire (on les surnommait les «christos»). Aujourd'hui, Samuel Huntington, l'un des chercheurs en sciences politiques les plus connus aux Etats-Un
L'intégration réussie des immigrés
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par Esther Duflo
publié le 1er octobre 2007 à 0h26
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