Alors que le Parlement s'apprête à entériner l'amendement ADN dans une loi sur l'immigration annonçant la fin du regroupement familial et le démantèlement du droit d'asile, l'information selon laquelle le ministère de l'Intérieur utiliserait des drones pour surveiller les banlieues renforce le sentiment de guerre civile rampante. Le projet nommé Elsa (engin léger pour la surveillance aérienne) a été présenté la semaine dernière au Salon Milipol consacré à la sécurité intérieure. Il se présente comme un oiseau d'un mètre de large et de soixante centimètres de long, muni d'une caméra.
Ce drone équipera la police nationale pour surveiller à distance les quartiers populaires et les manifestations. Des drones ont déjà été utilisés en Israël pour des missions de contrôle mais aussi pour des actions militaires. Leur généralisation en France serait une étape de plus dans la stigmatisation d'une partie de la population, au moment où ressort en livre de poche le classique de Louis Chevalier : Classes laborieuses et classes dangereuses. De fait, il s'agit davantage de créer un climat de défiance envers les habitants des banlieues que de chercher à réduire une violence réelle.
La métaphore est évidente : les cités doivent être entourées par des murs virtuels sous contrôle aérien permanent. Le sentiment de vivre dans des territoires sous occupation militaire, dans une sorte de colonisation, est déjà intériorisé par de nombreux jeunes issus de l'immigration depuis les émeutes de nove