Menu
Libération
TRIBUNE

La victoire de l'ouverture ?

Article réservé aux abonnés
par Alain LAMASSOURE
publié le 1er novembre 2007 à 1h14

La défaite est orpheline, et la victoire a beaucoup de pères. Tout citoyen attaché à l'intérêt national et à la grande cause européenne ne peut que se réjouir du succès de la négociation sur le nouveau traité, et du fait que des personnalités de la qualité de Bernard Kouchner et de Jean-Pierre Jouyet y aient été associées. Sont-ils en droit de se l'approprier, et d'y voir le résultat de «l'ouverture» (tribune dans Libération du mercredi 24 octobre) ainsi que la récompense des «risques politiques» qu'ils auraient pris en entrant au gouvernement ?

Pour ceux qui ont suivi de près ce dossier depuis plusieurs années, la réalité est plus nuancée. Oui, ce résultat n'aurait pas été possible sans un risque politique. Celui qu'a pris Nicolas Sarkozy en annonçant clairement au plus fort de sa campagne présidentielle que, s'il était élu, il relancerait l'Europe par la voie d'un traité ordinaire soumis à la ratification du seul Parlement. Tandis que la candidate socialiste s'en tenait à la solution démagogique du référendum. On ne se souvient pas qu'elle ait été démentie à l'époque par ceux qui étaient alors dans son camp, avant de prendre le risque de rallier le vainqueur après le combat perdu.

Oui, la négociation conduite à Bruxelles en juin, puis à Lisbonne il y a quelques jours, a été brillante. On le doit à la qualité des présidences successives d'Angela Merkel et de José Sócrates, et à l'extraordinaire force de conviction du président français, qui s'est chargé à chaque fois d