Le 7 novembre 1987, Zine el-Abidine ben Ali prenait le pouvoir à la faveur de ce que l'on appellera très vite un «coup d'Etat médical». Il y a vingt ans donc que la vie politique tunisienne vit sous la coupe du Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti présidentiel omnipotent. Vingt ans que le pays se fige dans une dictature qui ne veut pas dire son nom, en totale contradiction avec l'image que souhaite se donner ce président hors normes, celle de «chantre de la démocratisation du pays». D'aucuns objecteront que le pays connaît une croissance économique continue et rayonne aujourd'hui sur tout le Maghreb. Ils évoqueront enfin la nécessaire efficacité de la lutte antiterroriste pour justifier l'ampleur de la répression à l'encontre de toutes les voix dissidentes. Les arguments de ces défenseurs d'un «réformisme à la tunisienne» sont connus, jusqu'au sein même des instances internationales, où des associations créées de toutes pièces par le régime s'acharnent à empêcher les organisations indépendantes de s'exprimer. Nous pourrions être fatigués de devoir sans cesse rétablir certains faits indéniables. Ainsi, si le statut des Tunisiennes a effectivement pu être considéré comme le plus progressiste de la région dans les années 80, force est de constater qu'il n'a guère évolué depuis.
Par ailleurs, toujours citée en exemple en matière de réformes économiques, la Tunisie ignore encore l'impact du démantèlement des accords textile sur les droits économiques et sociaux