La légitime réprobation suscitée par «l'amendement ADN» a provoqué un écran de fumée hautement préjudiciable : pendant que la mobilisation se focalisait sur la question de la preuve de la filiation des candidats à l'immigration, une autre disposition de la loi relative à l'immigration, l'intégration et l'asileaurait mérité une condamnation au moins aussi sévère. Il s'agit de l'article 63 qui renforce le droit à établir des statistiques ethniques. Si l'on partage évidemment les motivations affichées par les promoteurs de cette mesure - favoriser l'intégration et lutter contre les discriminations, ambitions essentielles pour assurer la pérennité de notre modèle républicain -, nous sommes en désaccord profond sur la méthode : les statistiques ethniques ne sont pas utiles pour atteindre ces objectifs. Nul besoin en effet de réhabiliter des catégories ethnoraciales pour affirmer que les minorités postcoloniales souffrent de discriminations devant l'emploi, le logement ou encore les loisirs. Les «testings» suffisent amplement à déterminer une telle réalité comme le démontrent les enquêtes réalisées par Jean-François Amadieu dans le cadre de l'Observatoire des discriminations ou les opérations menées par SOS Racisme.
Les statistiques ethniques présentent deux risques majeurs. Tout d'abord, la réactivation d'un référent, racial (comme la couleur de peau), ethnique et/ou religieux, sape les fondements de notre vision traditionnelle du «vivre ensemble». La «commun