Paris, le 28 novembre 2007
Monsieur le Président,
En 2003, quelques mois après l'embuscade tendue par la junte à Aung San Suu Kyi et qui a failli lui coûter la vie, un Birman anonyme remettait une lettre à un jeune voyageur. De ce Birman, le voyageur ne savait qu'une seule chose : il était étudiant en 1988, l'année où lui et ses condisciples, animés par la volonté de vivre et par l'espoir, avaient défié pacifiquement la junte en manifestant dans les rues de Rangoon. La répression fit 3 000 morts.
«Notre gouvernement est un chien enragé qui mord tout ce qu'il peut», disait cette lettre, en anglais. «A ce chien, malade et fou, vous ne pouvez enseigner la loi de Bouddha. Le seul moyen de l'arrêter est de le tuer avant qu'il ne morde tout le monde. Nous pouvons agir de l'intérieur, mais nous avons besoin que vous aussi, vous agissiez de l'extérieur. Nous avons besoin de vous.»
Vingt ans après cette première répression sanglante, portés par la foi et le courage de leurs bonzes, le peuple birman a défié, à nouveau, le régime. Pacifiquement, toujours. Et comme la fois précédente, la junte a réprimé. A coups de matraque de bambou, d'abord. Puis, très vite, à balles réelles. Sur quels ennemis ? Des moines et des civils. Des hommes et des femmes qui n'aspirent qu'à vivre plus libres. Vivre libres.
Vingt ans après cette première répression, trois mois après une deuxième répression, nous sommes venus vous voir samedi dernier à l'Elysée, Monsieur le Président, pour que vous puis