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Libération
TRIBUNE

Badiou répond aux «tontons flingueurs»

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publié le 14 janvier 2008 à 1h56
(mis à jour le 14 janvier 2008 à 1h56)

«Etre attaqué par l'ennemi est une bonne chose, et non une mauvaise chose» (Mao Zedong). C'est comme dans un film. Vous êtes en paix. Vous construisez peu à peu une oeuvre philosophique dense et complexe. Vous êtes parmi les rares à n'avoir jamais abandonné le style militant de la décennie rouge (1966-1976) : liaison directe des intellectuels, des jeunes et des ouvriers, trajets neufs dans les cités, les usines, les foyers, refus des élections, des places, des crédits. L'unité de la vie tient alors dans le mot autour duquel vous redéfinissez l'ambition de la pensée contemporaine, le mot «vérité». Quand on vit ainsi, dans le monde tel qu'il va, les «communicateurs» de la scène publique ne se soucient pas de votre existence. C'est que vous n'avez rien à vendre, et vous n'achetez guère. Que faire d'une vérité, disent les marchands, puisqu'elle n'a pas de prix ? Vous êtes pour eux un mélange d'archaïsme et de dogmatisme, attaché à de criminelles vieilles lunes. Vous n'êtes pas dans la course. Silence.

Pourtant, un jour, on vous envoie des porte-flingues. Parce qu'on sait que vous êtes devenu le philosophe français vivant le plus traduit et le plus demandé, et de loin ? Parce que s'annonce le déclin des imposteurs qui depuis vingt ans représentent dans les médias la «philosophie» ? Parce qu'un de vos petits livres d'intervention, De quoi Sarkozy est-il le nom, consonne avec l'humeur belliqueuse d'une fraction du «grand public» ? L'avenir de l'histoire fera le tri