L'illustration du Léviathan, oeuvre du philosophe politique anglais Hobbes, représentait le roi tenant à la main droite le glaive, à la main gauche la crosse : César et pape tout ensemble, pouvoirs spirituel et temporel réunis, le destin de tous confié à un seul. Pour Hobbes, tout régime politique est en effet «par définition, absolutiste». Cette image, qui renvoie aux idées et à la philosophie du XVIIe siècle, serait-elle celle d'une «Césaropapie» révolue ? Eh bien non ! Il semble qu'en ce début de XXIe siècle, Nicolas Sarkozy ne refuserait pas de céder à cette tentation. Ce serait même pour lui, sous prétexte de moderniser la France, une façon de rejeter l'originalité fondamentale de la République française, indivisible, laïque, démocratique et sociale.
République indivisible ? Nicolas Sarkozy introduit une différence entre les citoyens croyants et non croyants. Chanoine d'honneur de Latran, il déclare : «Je suis comptable des espoirs que le déplacement du pape courant 2008 suscite chez mes concitoyens catholiques et dans de nombreux diocèses.» Les autres n'auraient-ils pas d'espoir ? Si Nicolas Sarkozy était le connaisseur de Jean Jaurès qu'il feignait d'être pendant sa campagne présidentielle, il aurait adjoint l'espoir de tous ceux qui luttent et qui se donnent «aux grandes causes sans savoir quelle récompense réserve à notre effort l'univers profond, ni s'il lui réserve une récompense». Puis le voilà en voyage au Moyen-Orient, qui s'enflamme