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La religion n'est pas un service public

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publié le 15 février 2008 à 2h20

Qu'est-ce que «moderniser la laïcité» selon M. Sarkozy ? La loi laïque de 1905 a 102 ans. Son âge la disqualifie-t-elle ? Que dire alors des droits de l'homme (200 ans !), et de la loi d'amour attribuée au Christ (2 000 ans !). La seule vraie question, en fait, est de savoir si cette loi est juste ou non. Or que dit-elle ? D'abord que la conscience doit être libre, et le libre exercice des cultes garanti (article 1). Ensuite que la croyance religieuse n'engage que les croyants. La République doit donc s'abstenir de se prononcer sur elle, comme d'ailleurs sur l'athéisme. Son silence signifie neutralité et assure aux différents types de conviction personnelle une égalité de traitement. Aucun type de conviction ne doit donc jouir d'une reconnaissance publique ni d'un quelconque financement public (article 2). Ce qui concerne certains ne peut s'imposer à tous, ni être à la charge de tous. Bref, la religion n'est pas un service public.

La laïcité se définit donc par la conjonction de trois principes : la liberté de conscience, l'égalité de droits des citoyens, sans distinction de conviction, et l'universalité de l'action de la sphère publique, dévolue au seul intérêt général. En cessant de financer les cultes, l'Etat peut d'autant mieux se consacrer à ce qui concerne tous les hommes : la santé, la culture, l'éducation, entre autres, sont des biens universels, et leur prise en charge publique permet pour tous une réelle économie. Le croyant qui reçoit des soins gratuits à l'