Une fois encore, lors de sa récente allocution télévisée sur l'Europe, hélas passée inaperçue au milieu du pathétique feuilleton de Neuilly, Nicolas Sarkozy s'est accordé la palme de «sauveur» de l'Union européenne. A ses yeux, «la France est de retour en Europe». Elle aurait retrouvé son influence, imposé à nouveau ses valeurs, reconquis un rôle dynamique dans la construction communautaire. En est-il si sûr ?
La ratification du traité de Lisbonne marque-t-elle la fin de la «crise» européenne ? La sortie - enfin ! - de l'impasse institutionnelle suffira-t-elle à relancer le train des réformes en Europe ? Bien imprudent serait celui qui répondrait par l'affirmative. Plutôt que de céder à l'autosatisfaction, il faut voir dans la future présidence française de l'Union européenne, au second semestre 2008, une opportunité à saisir. Tâchons de ne pas manquer l'occasion. La France est attendue par ses partenaires, qui savent qu'un grand pays fondateur peut lancer des chantiers décisifs. Comment faire de cette présidence un vrai moment de consolidation institutionnelle, d'impulsion, nécessaire et même urgente, donnée à un nouveau modèle social européen ?
Le traité modificatif est un progrès réel mais modeste pour le projet européen. Les avancées sont là. J'en vois au moins six : un discours et une action plus unis sur la scène internationale grâce au «haut représentant», un président du Conseil européen plus stable, un président de la Commission choisi en fonction du résultat d