Menu
Libération
TRIBUNE

Obama séduit les banlieues

Article réservé aux abonnés
par François Durpaire et Jean-Claude TCHICAYA
publié le 13 mai 2008 à 3h26

Barack Obama, qui a désormais plus de superdélégués que son adversaire Hillary Clinton, s'achemine vers l'investiture démocrate. Des milliers de jeunes Américains ont voté pour la première fois lors de ces primaires, se reconnaissant dans le sénateur de l'Illinois. Du fait d'abord de l'origine sociale. Alors que les précédents présidents étaient issus de grandes familles, la mère d'Obama a dû faire appel à des food stamps («bons d'alimentation») pour nourrir sa famille. Du fait aussi de la connivence culturelle. Répondant à un journaliste américain sur ses préférences musicales, Obama évoquait Outkast et Wyclef Jean, tandis que Hillary Clinton précisait que sa fille lui avait concocté une sélection d'albums et promettait de s'y mettre bientôt.

Mais l'originalité du phénomène Obama est d'avoir traversé les frontières. Certes, il est courant de voir les Français s'enthousiasmer pour les candidats démocrates, au risque d'être déçus. Mais ni Al Gore ni John Kerry n'avaient suscité un tel engouement dans les banlieues. Les plus anciens, issus, comme le père d'Obama, de cette immigration postcoloniale, se disent qu'il serait extraordinaire de voir cela de leur vivant, et n'osent imaginer un tel destin pour leurs enfants. Les plus jeunes, dont l'hostilité à l'encontre des Etats-Unis a pris racine dans la guerre en Irak, ont des excès qui en feront sourire plus d'un. Une lycéenne nous assurait que la victoire d'Obama serait la «libération de tous les Noirs du monde !»

To