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Libération
TRIBUNE

PS : le réformisme n'interdit pas le rêve

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publié le 16 mai 2008 à 3h28

Mauvaise foi congénitale des élites libérales. Pendant plus de vingt ans, elles ont taxé d'archaïsme la gauche française trop dévouée à la tradition marxiste. Voyant que le PS adopte une nouvelle déclaration de principes qui le rapproche des réalités contemporaines, elles présentent ce tournant comme un non-événement et le nouveau texte comme la énième mouture d'une idéologie défunte. Les classes dirigeantes, décidément, ne seront satisfaites que lorsque la gauche rejoindra la droite.

Pourtant le texte rédigé par Alain Bergounioux et Henri Weber, proposé aux votes des militants du PS pour remplacer l'ancienne charte adoptée en 1995, mérite qu'on s'y arrête. Il traduit une mutation tardive mais fondamentale du paysage idéologique à gauche. Ce virage, il faut le rappeler, a été pris sous l'égide de François Hollande, dont on dit tant de mal, mais qui a changé en profondeur les idées de son parti.

Quel changement ? La répudiation définitive du marxisme ; l'irruption de l'écologie au coeur de la doctrine ; la critique essentiellement morale du capitalisme contemporain. La rupture se mesure dès la première phrase : «Le Parti socialiste plonge ses racines dans la tradition de l'humanisme et dans la philosophie des Lumières.» On rompt ainsi avec un siècle de manifestes flamboyants fondés sur la lutte des classes. C'est la Révolution française qui inspire les socialistes français et non plus la révolution prolétarienne, celle que Marx a prophétisée et qui n'a débouché que sur l