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Libération
TRIBUNE

Addictions : vingt ans en arrière ?

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par Serge Hefez, Pierre Micheletti, François Bourdillon avec Gérard Dubois, Claude Got et Albert Hirsch, Marie-Josée AUGE, Philippe BATEL, Patrick BEAUVERIE, Jean-Pierre LHOMME, William LOWENSTEIN, Alain Morel, Valère ROGISSART, Mario SANCHEZ, Karène SEGAS et Bruno Spire
publié le 26 mai 2008 à 3h36

Monsieur le Président, vous avez été un brillant candidat et la clarté de vos promesses de réforme vous ont fait élire. Aujourd'hui Président, pourriez-vous accepter un retour à l'obscurantisme dans le domaine symbolique des drogues et des addictions ? A l'approche du prochain plan gouvernemental (2008-2011), les prises de position d'Etienne Apaire, à la tête de la Mission interministérielle de lutte contre la drogue et la toxicomanie (Mildt) depuis quelques mois, nous inquiètent. Citons-en quelques-unes : «Tout adolescent fumeur est un dealer en puissance ; les pratiques d'application de la loi sont trop molles ; les parents doivent être éduqués pour appliquer la loi.» La prévention reposera bientôt sur cinq cents «militaires de terrain», les formateurs relais antidrogue (Frad). Sur les cent cinquante mesures prévues par le plan de la Mildt, la moitié concerneront la gendarmerie ! L'affirmation que «derrière l'usager se cache souvent un délinquant» est inexacte, comme l'a souligné le Centre de recherches sociologiques sur le droit et les institutions pénales (1). Les expériences internationales, depuis la prohibition de l'alcool aux Etats-Unis, dans les années 1920, montrent qu'augmenter les interpellations d'usagers et les sanctions envers les consommateurs «pour rappeler l'interdit» est à double tranchant. Réprimer n'est pas prévenir ni soigner les dépendants, et ne protège guère du désordre social.

Praticiens de terrain auprès des adoles