Menu
Libération

Institutions : le cartel des non

Article réservé aux abonnés
publié le 29 mai 2008 à 3h39

La réforme constitutionnelle dérange. Alors qu'il s'agit de rééquilibrer nos institutions - qui en ont grand besoin - et de moderniser notre démocratie - ce qui n'est pas un luxe -, on voit se former une union sacrée de tous les conservatismes pour tenter de bloquer le texte. En 1962 déjà, lorsque le général de Gaulle avait voulu instaurer l'élection présidentielle au suffrage universel direct, une coalition hétéroclite de tous les partis traditionnels, du PC au CNI (Centre national des indépendants) s'était constituée pour stopper le projet. On l'avait surnommée le cartel des non : le voici de retour, sous une autre forme, traversant les partis, unissant les contraires, mobilisant les freins et suscitant les obstacles pour interdire ce qui pourrait devenir la réforme constitutionnelle la plus ample depuis 1962.

Il ne s'agit pas d'être hypocrite : la réforme de 2008 n'est pas un chef-d'oeuvre immortel, il s'en faut de beaucoup, ni la pentecôte d'un idéal démocratique. Elle ne choisit pas entre le régime parlementaire et le régime présidentiel, elle perpétue donc notre hybride national. Elle laisse de côté des points essentiels comme la réforme, évidemment légitime et nécessaire, urgente même, du système électoral du Sénat. Rien ne peut justifier que le Palais du Luxembourg demeure la seule Assemblée élue du monde démocratique interdite d'alternance. La réforme instaure en revanche un droit d'expression du président de la République devant le Congrès dont l'utilité n'est pas é