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Libération
TRIBUNE

Traiter les enfants, pas seulement l'économie !

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par Jean-Hervé BRADOL
publié le 2 juin 2008 à 3h42

Les manifestants des villes du Sud ont réussi à provoquer un débat public sur l'envolée des prix des denrées alimentaires. Les réunions politiques nationales et internationales se multiplient pour envisager les mesures à prendre. Les Etats bailleurs de fonds s'apprêtent à allouer des ressources financières supplémentaires aux programmes d'aide, à alléger les taxes à la consommation et à faire un effort en faveur de l'agriculture.

Pourtant, il y a fort à craindre que tout ceci n'ait aucun impact sur la mortalité due à la sous-alimentation, tant le point de vue médical est absent d'un débat public lesté d'arguments économiques. Nous connaîtrons bientôt tout de la production et de la commercialisation du riz, mais rien des individus qui meurent de faim.

Or, la sous-alimentation est une cause importante de décès des enfants principalement avant l'âge de 3 ans. L'estimation du nombre de morts oscille entre 2 et 5 millions chaque année. Les catastrophes naturelles et les guerres ne sont à l'origine que d'une faible partie de ces décès, en raison de l'amélioration des performances du Programme alimentaire mondial (PAM) dans la réponse aux urgences. En revanche, 30 pays situés en majorité sur le sous-continent indien et en Afrique, concentrent en permanence plus de 90 % des cas de malnutrition infantile. La majorité des décès dans ces foyers importants de malnutrition se produit plutôt à la campagne. Ils surviennent chaque année dans les mêmes endroits et à la même période, au sein de