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TRIBUNE

Discrimination religieuse et sexiste

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par Dounia Bouzar
publié le 3 juin 2008 à 3h43

un tribunal français annule un mariage parce que l'épouse, de confession musulmane, a menti sur sa virginité. Pire encore, le jugement considère cette virginité comme «une qualité essentielle». Habituellement, lorsque des époux se retrouvent en désaccord, ils divorcent. Mais ici, la justice républicaine estime que le mariage est nul et non avenu parce qu'il y a. «erreur sur la marchandise» : la virginité de Madame est considérée comme une caractéristique «déterminante» dans le consentement du mari qui entraîne donc une sorte de vice de forme.

Voici une décision qui démontre encore la difficulté de considérer les musulmans comme des citoyens comme les autres. Il semble que la référence musulmane des époux ait conduit la juge à ne pas appliquer sa grille de lecture habituelle. Imagine-t-on ce type de décision avec une épouse chrétienne ? Cela n'est jamais arrivé. Et pourtant, la virginité des femmes avant le mariage est bien une valeur commune aux trois monothéismes. Ce jugement instaure donc un traitement discriminatoire.

Autre question. Imagine-t-on ce type de décision pour l'époux ? L'obligation de virginité avant le mariage s'applique pourtant aussi au futur mari, la juge l'aurait-il qualifiée de «qualité essentielle déterminant la décision de la mariée» si son mari lui avait menti ? Ce jugement instaure donc un traitement discriminatoire sexiste. Jusque-là, la relation au corps et au coeur relevait de la liberté privée. Chacun s'en débrouille comme il peut. Ma