Sous la Ve République, le pouvoir est bâti comme un pentagone. Il comporte donc cinq côtés dont le premier est occupé par le président de la République, le deuxième par le Premier ministre, le troisième par le gouvernement, le quatrième par le groupe parlementaire du parti dominant à l'Assemblée nationale et le cinquième par le parti du chef de l'Etat, en l'occurrence l'UMP.
Dans les circonstances normales - hors cohabitation - ce polygone présente une façade équilibrée, chaque pouvoir jouant son rôle. Entre les piliers principaux s'inscrivent les forces secondaires : groupe sénatorial, Conseil constitutionnel, CSA (Conseil supérieur de l'audiovisuel), groupes parlementaires du parti allié (ici, le Nouveau Centre). L'originalité, la spécificité même de la république sarkozienne, c'est que ce pentagone est devenu asymétrique jusqu'au déséquilibre.
Le président de la République occupe, cela va de soi, le plus vaste côté. Cela n'a cessé d'être vrai depuis 1958, quel que soit le chef de l'Etat. Cette fois-ci, Nicolas Sarkozy déborde cependant sur les autres côtés comme aucun de ses prédécesseurs avant lui. Il envahit le périmètre du Premier ministre, puisque c'est l'homme de l'Elysée qui se comporte quotidiennement en chef du gouvernement. Il dirige ouvertement, il incarne, il assume et il célèbre l'action de l'exécutif. Dès qu'un dossier le mérite, il court-circuite sans hésitation l'hôtel de Matignon, ainsi que le ministre concerné. Avec lui, quand une affaire prend de l'importa