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Libération
TRIBUNE

Eloge des 35 heures

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publié le 19 juin 2008 à 3h56

Défendre les 35 heures aujourd'hui fait indéniablement ringard. Car «tout le monde» en connaît les conséquences catastrophiques ! La situation de faillite dont parle notre Premier ministre en découle, la France a perdu le goût du travail. Mais quelqu'un aurait-il l'amabilité de me citer la référence de l'ouvrage, ou de la thèse, qui fonde ces affirmations ? En réalité, ce texte n'existe pas, car la saturation de l'espace public par ces débats faussement d'évidence est un débat idéologique que la droite a gagné - y compris dans les propres rangs de la gauche. Il ne reste que ces pauvres salariés profitant des 35 heures pour les défendre. A 80 % d'après certaines études. Le monde du travail, en somme, et leurs vieux machins de syndicats.

Soyons donc modernes avec Messieurs Sarkozy, Fillon et Copé ! Les 35 heures ont été pensées dans les années 90, à une époque où les ravages de l'informatisation et les nouveaux concurrents d'Asie nous ont fait lire La Fin du travail de Jeremy Rifkin. La montée, semblait-il, inexorable du chômage, a fait chercher des solutions dans l'urgence. Gilles de Robien essaya des 35 heures souples, Volkswagen aussi. Puis les lois Aubry furent françaises et réglementaires. L'idée d'alors de partage du gâteau travail fait aujourd'hui - et à juste titre je crois - vieux jeu. Mais le contexte de la mesure ne doit pas être confondu avec le fond du débat. La durée du travail est de tout temps une décision politique : journée de 12 heures, 10 heures ou 8