On se dit qu'il y a l'euro qu'il serait si dangereux d'abandonner. On se dit que le marché unique, le passeport européen, le Parlement de Strasbourg, la suppression des frontières internes, l'ensemble des politiques communes et tant d'autres acquis créent une réalité sur laquelle on ne reviendra pas et pourtant, si, la désunion européenne menace.
Ce n'est plus seulement que les Européens soient fâchés avec l'Europe. C'est aussi que l'attelage qui avait tiré l'Union se défait depuis l'unification allemande et le retour d'une rivalité entre Paris et Berlin, que de nouvelles connivences entre de nouvelles capitales ne sont pas venues remplacer le couple franco-allemand au pilotage du navire et que la crise de nerfs des gouvernements s'ajoute maintenant à celle des citoyens, dans ce même mélange de vraies raisons et de rage destructrice.
Jamais un sommet des chefs d'Etat et de gouvernements ne s'était aussi mal passé que le Conseil européen de jeudi. Il ne s'était pas ouvert que Silvio Berlusconi s'attaquait aux commissaires, tous coupables à ses yeux. «Ils n'ont pas à parler. Les gouvernements n'ont pas à se retrouver, tous les trois jours, sur la sellette à cause d'eux», dit-il en réunion des dirigeants conservateurs de l'Union. Chacun sait qu'il règle ses comptes. Il en veut à la Commission de le tancer sans cesse sur le dérapage des finances italiennes, les aides publiques accordées à Alitalia ou la gestion des déchets dans son pays, mais Nicolas Sarkozy ne tarde pas à