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Libération
TRIBUNE

Créer un crime d'inhumanité

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publié le 18 juillet 2008 à 4h21

En dépit de ses ambiguïtés, et nonobstant ses détracteurs, le droit d'ingérence a permis de ne plus laisser aux Etats la faculté d'opposer cyniquement le droit à l'indifférence. Ce sont l'interdépendance de plus en plus étroite entre les Etats, le développement des droits de l'homme et l'émergence d'un principe de solidarité à l'échelon international qui ont conduit à ce que se dessine, depuis la guerre du Biafra (1967-1970), un devoir d'assistance à peuple en danger. Jean-François Revel l'a inventé en 1979 ; Mario Bettati l'a théorisé et Bernard Kouchner l'a popularisé. Son ambiguïté est évidemment totale, si l'on revisite les résolutions du Conseil de sécurité depuis la résolution n°688 du 5 avril 1991, à l'occasion de laquelle le Conseil avait «insisté» pour que l'Irak permette un accès immédiat des organisations humanitaires internationales à tous ceux qui avaient besoin d'assistance dans toutes les parties de l'Irak.

C'est la référence au chapitre VII de la Charte des Nations unies faite dans ces résolutions, qui permet l'usage de la force militaire, en cas de menace pour la paix, et qui place aussi le droit d'ingérence au coeur d'une double contradiction. Le caractère humanitaire des opérations s'éclipse et est dévoyé parfois par son caractère militaire lequel nous rappelle à chaque fois l'ampleur des arrières pensées géopolitiques ou économiques.

La mise en oeuvre du droit d'ingérence a abouti parfois à un remède pire que le mal. On pense notamment à l'opération «Restor