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Libération
TRIBUNE

Un an après, l'introuvable autonomie universitaire

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par Gilbert Bereziat
publié le 5 août 2008 à 4h31

Quelques jours avant d'être arrêté, Marc Bloch appelait à une réforme radicale de l'enseignement supérieur en France. Considérant que la débâcle et la défaite devant les nazis résultaient avant tout de la faillite des élites, il réclamait une révolution universitaire et déclarait : «Elle n'ira pas sans déchirements. Il sera toujours difficile de persuader des maîtres que les méthodes qu'ils ont longuement et consciencieusement pratiquées n'étaient peut-être pas les meilleures ; à des hommes mûrs, que leurs enfants gagneront à être élevés autrement qu'eux-mêmes ne l'ont été ; aux anciens élèves de grandes écoles, que ces établissements parés de tous les prestiges du souvenir et de la camaraderie doivent être supprimés. Là, comme ailleurs, cependant, l'avenir, n'en doutons pas, appartiendra aux hardis ; et pour tous les hommes qui ont charge de l'enseignement, le pire danger résiderait dans une molle complaisance envers les institutions dont ils se sont fait peu à peu une commode demeure.» Mais de réformes, à la Libération, il n'y en eut point et la «noblesse d'Etat» continua à renforcer sa mainmise sur la haute administration et la gestion de l'économie, qu'elle soit publique ou privée. Près de soixante années plus tard, la réforme qu'appelait de ses voeux Marc Bloch reste d'actualité.

Ignorant l'avertissement de Mai 1968, la massification de l'enseignement supérieur consacra de manière flagrante cette ségrégation à la française qui confine l'immense majorité des étudia