Ces paroles de Catherine Camus, sa fille, sur un sourire mélancolique : «Il a fallu attendre vingt-huit ans pour que cette exposition sur Camus et les libertaires ait lieu.»
On refoulait son attachement viscéral aux anarchistes - espagnols, iraniens, algériens, argentins. -, aux syndicalistes révolutionnaires - le syndicat des ouvriers correcteurs du Livre -, aux objecteurs de conscience pour qui il va jusqu'à formuler un statut à l'intention du général de Gaulle.
Cet été, faites un bond jusqu'à Lourmarin, le village du Vaucluse où Albert Camus acheta une maison en 1958, après son prix Nobel. Il y est de retour, avec sa fratrie.
«La liberté n'est pas un cadeau qu'on reçoit d'un Etat ou d'un chef, mais un bien que l'on conquiert tous les jours, par l'effort de chacun et l'union de tous (1).» C'est son discours, à la Bourse du travail de Saint-Étienne, en mai 1953, devant deux cents syndicalistes. Sur la photo, il est debout derrière les autres orateurs, fidèle à son horizon libertaire. «Je refuse énergiquement d'être considéré comme un guide de la classe ouvrière.»
La petite exposition, à la bibliothèque de Lourmarin, frappe plus fort que le soleil de Provence. Son discours de Saint-Etienne est là, reproduit dans le numéro 9 de la Révolution prolétarienne, un journal grand et gris, comme un jour sans pain. Il collabore à tous les organes anarchistes : le Libertaire,le Monde libertaire,Liberté,Témoins,Défense de l'homme,<