L'histoire des rapports entre politique et justice, dans notre pays, s'est souvent traduite par une volonté des gouvernants d'infléchir, pour leur compte ou pour celui d'autres intérêts puissants, le jugement d'affaires «sensibles». Aussi, la maîtrise de la carrière des magistrats a toujours représenté un enjeu essentiel pour les gouvernants.
Toutefois, le progrès de l'esprit public, de la conscience citoyenne et la consécration des libertés publiques ont fait croître l'exigence d'égalité devant la loi, dont l'indépendance de la justice devenait la condition nécessaire. L'idée a alors émergé de faire gérer la carrière des magistrats par un collège indépendant.
Dans l'allégresse de la Libération est apparue, avec la IVe République, l'institution spécifique du Conseil supérieur de la magistrature (CSM), composé de magistrats élus et de membres désignés par des instances politiques. Mais l'histoire du CSM est, largement, celle d'une désillusion.
La Constitution de 1958 ayant abaissé le CSM, avec des membres peu représentatifs, des compétences amoindries et une activité confidentielle, l'idée d'une rénovation de cette instance a longtemps constitué un mythe émancipateur de la justice.
En 1993, une réforme a mis en place deux formations du CSM, compétentes l'une pour les juges, l'autre pour les magistrats du parquet. Chacune compte six magistrats élus, un membre du Conseil d'Etat et trois personnalités, respectivement désignées par le président de la République et le président de cha