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TRIBUNE

France-Rwanda : oeil pour oeil

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par Patrick de SAINT-EXUPERY
publié le 13 août 2008 à 4h36

Après le réquisitoire du juge Bruguière, qui fit porter la responsabilité du génocide des Tutsis du Rwanda en 1994 sur les actuelles autorités de Kigali, voici venu le temps de la réplique. Dans un rapport rendu public le 5 août, une commission rwandaise chargée, voici près de deux ans, de «rassembler les preuves montrant l'implication de l'Etat français dans le génocide» conclut à la «responsabilité» de la France dans «la préparation et l'exécution du génocide».

Les deux thèses sont aujourd'hui sur la table. Elles sont bien sûr inconciliables. Et témoignent de la profondeur d'un différend vieux de dix-huit ans qui ne cesse de se creuser pour atteindre des extrêmes. Que deux Etats s'affrontent en se portant mutuellement des accusations aussi graves - il est question de 800 000 morts - tient de l'inédit.

Paradoxalement, dans cette surenchère, la question du génocide finit presque par être occultée. Quoi qu'il en soit des possibles responsabilités connexes, ni la France, ni l'actuel régime de Kigali ne peuvent être soupçonnés d'avoir commis le génocide. Ses responsables, ceux qui l'ont directement mis en oeuvre, ont été ou sont en voie d'être jugés. Désigné par l'accusation comme «le cerveau du génocide», le colonel Théoneste Bagosora, dont le procès au tribunal international d'Arusha est clos, attend le prononcé du verdict. Tenu comme le «financier du génocide», Félicien Kabuga est en fuite et recherché. Des condamnations ont été prononcées vi