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Libération
TRIBUNE

SOS Géorgie ? SOS Europe !

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publié le 14 août 2008 à 4h37

N'allez pas croire à une affaire simplement locale : il s'agit probablement du tournant le plus décisif de l'histoire européenne depuis la chute du mur de Berlin. Ecoutez Moscou donner de la voix : «génocide !» accuse Poutine, qui n'a pas daigné prononcer le mot lors du 50e anniversaire d'Auschwitz ; «Munich !» évoque le tendre Medvedev, insinuant que la Géorgie, avec ses 4,5 millions d'habitants, est la réincarnation du IIIe Reich. Nous nous garderons de sous-estimer les capacités mentales de ces dirigeants. Aussi devinons-nous qu'en feignant l'indignation, ils manifestent leur volonté de frapper un grand coup. Visiblement, les spin doctors du Kremlin ont révisé les classiques de la propagande totalitaire : plus mon mensonge est gros, mieux je cogne.

Qui a tiré, cette semaine, le premier ? La question est obsolète. Les Géorgiens se sont retirés d'Ossétie du Sud, territoire que la loi internationale place, rappelons-le tout de même, sous leur juridiction. Ils se sont retirés des villes avoisinantes. Convient-il qu'ils se retirent aussi de leur capitale ? La vérité est que l'intervention de l'armée russe hors de ses frontières, contre un pays indépendant membre de l'ONU, est une première depuis l'invasion de l'Afghanistan. En 1989, Gorbatchev avait refusé d'envoyer les tanks soviétiques contre la Pologne de Solidarnosc. Eltsine s'est bien gardé, cinq ans plus tard, de permettre aux divisions russes d'entrer en Yougoslavie pour soutenir Milosevic. Poutine l