Ainsi nous criant «SOS Géorgie ? SOS Europe !» nos meilleurs esprits, André Glucksmann et Bernard-Henri Lévy (1), rejoignent-ils, par un étrange détour, la position des néoconservateurs américains, dont l'inculture historique a été à l'origine de si nombreuses erreurs ? Eux connaissent pourtant l'Histoire, sa densité, ses complexités ; ils savent qu'il existe des problèmes sans solution et que l'intelligence collective consiste parfois à vivre avec eux. Leur analyse oblige à rappeler quelques vérités de bon sens :
1. «Qui a tiré, cette semaine, le premier ? La question est obsolète», écrivent-ils. Etonnante affirmation. Comment faire abstraction du faux pas du président Saakachvili, déclenchant une opération militaire en Ossétie du Sud ? Ses meilleurs avocats prétendent qu'il est tombé dans un piège, les Russes l'ayant poussé à agir en lui faisant miroiter leur non-intervention. Piètre excuse. Quant on dirige un Etat à l'ombre de l'Empire de Pierre le Grand et de Vladimir Poutine, on se méfie et on ne prend pas pour argent comptant les propos amènes des représentants du tsar. Le président géorgien aurait dû chercher ses modèles du côté de l'exemplaire démocratie finlandaise, qui a su préserver ses libertés et son indépendance à portée de tir de l'Union soviétique : les principes et la retenue ne sont pas incompatibles. Ce peut être même la quintessence de l'art politique.
2. Depuis 1992, un compromis bancal prévalait vis-à-vis de l'Ossétie du Sud et de l'Abkhazie. C'éta