Un lieu commun fait du Parti socialiste un parti sans idées, coupé des réalités et incapable de tisser des relations fortes et réelles avec des «intellectuels» eux-mêmes distants. Mais de quel type d'idées s'agit-il dans cette critique, et d'abord, de qui parle-t-on lorsqu'on invoque ainsi les «intellectuels» ?
Longtemps, l'intelligentsia française s'est caractérisée par sa capacité d'indignation face à l'injustice, plus que par ses connaissances précises des réalités dont elle parlait. S'il est vrai que son texte en quelque sorte fondateur, le J'accuse de Zola, était soigneusement documenté, elle s'est ensuite souvent contentée de fonctionner de manière «organique», selon le qualificatif popularisé par Gramsci, et s'est vite brûlée les ailes dans des rôles de compagnon de route prêt à tout gober, et faire gober, ne serait-ce que pour éviter, comme dit un personnage de Sartre, de désespérer Billancourt - le prolétariat ouvrier.
De ce passé subsistent d'abord, aujourd'hui, chez certains, la nostalgie, et chez beaucoup d'autres une réelle sensibilité au combat pour les droits de l'homme. Mais l'enjeu pour ceux qui incarnent le mieux ce combat n'est pas tant les idées, encore moins le savoir - on constate la plupart du temps qu'il est chez eux au mieux approximatif, généralement superficiel ou mondain, parfois inexistant. La référence aux droits de l'homme fonctionne sur le registre de l'émotion et des convictions, plus que sur celui des connaissances, et si le Parti socia