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Libération
TRIBUNE

Le dalaï-lama entre religion et politique

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par Michel PEISSEL
publié le 22 août 2008 à 4h42

Le dalaï-lama a renoncé, malgré un demi-siècle de sévices et tous les droits en sa faveur, à réclamer l'indépendance du Tibet. Ce renoncement ne fait que souligner le caractère ambigu de sa fonction. Saint homme mais piètre politique, le dalaï-lama n'est pas à vrai dire le chef de la nation tibétaine.

La Chine voulait faire croire que le dalaï-lama avait causé les émeutes du printemps, alors qu'elles ne sont que la manifestation du mécontentement général de tous les Tibétains à l'égard de l'occupation chinoise. De la même façon, les Occidentaux se complaisent à croire que le Tibet n'est qu'une nation de moines dépendants des dalaï-lamas. Une mise au point s'impose. Pour commencer il faut savoir que les dalaï-lamas n'étaient que les chefs politiques du centre du Tibet, soit des anciennes provinces du Ü, du Tsang et de Tsari qui comptent moins de 50 % de la population du Tibet et ne représentent qu'un tiers du territoire tibétain. De plus, par le passé, l'administration bureaucratique des dalaï-lamas asservie aux empereurs mongols manchous de Chine a tout fait pour diviser le Tibet.

Mis sur le trône du Tibet central en 1655 par les Mongols Qosot à la mort de leur chef Gusri Khan, les dalaï-lamas doivent leur pouvoir aux Mongols, les ennemis traditionnels des Tibétains. Les dalaï-lamas sont en quelque sorte des usurpateurs du pouvoir, le roi légitime du Tibet central ayant été assassiné par les Mongols. A noter que le titre même de «dalaï» est mongol et non tibétain. Le troisième