Le premier musée national français, encouragé au plus haut sommet de l'Etat, prépare une exposition à haute valeur politique, avec la bénédiction d'une Eglise russe ultraréactionnaire. L'année 2010 sera celle de la Russie. L'exposition phare se déroulera au musée du Louvre autour de l'art de la Russie ancienne, de sa christianisation au règne de Pierre le Grand. Ce qui devrait se limiter à une exposition artistique sur la Russie, dite éternelle, s'annonce déjà comme un événement majeur de propagande religieuse et politique pour les deux pays. Si le titre retenu, «Sainte Russie», correspond à une réalité historique, son choix, dans le contexte actuel, est loin d'être innocent. La presse moscovite présente déjà l'événement comme devant retracer «l'histoire de la spiritualité russe» quand le Louvre annonce des séminaires «destinés à illustrer le développement de la spiritualité russe à l'heure actuelle». De quoi être étonné pour une exposition d'art ancien devant se tenir dans un musée public d'une République laïque.
Début mars, le président du Louvre, Henri Loyrette, se rendait en Russie pour rencontrer ses homologues moscovites. Mais la visite médiatisée fut réservée à Alexis II, patriarche de Moscou et de toutes les Russies, en présence de l'ambassadeur de France. Sur la radio la plus indépendante du pouvoir, on interrogea Henri Loyrette à ce sujet. Pour justifier l'association incongrue d'un musée avec un chef religieux, le directeur du Louvre mit en avant la v